Devenir peintre - Témoignages

Je veux témoigner ici de votre capacité, si vous en éprouvez le désir, à devenir peintre ou, à tout le moins, si cette idée vous fait peur comme elle m'a fait peur, à prendre plaisir à peindre. C'est extrèmement simple. Je me suis mise à la peinture en 2000. J'avais alors 52 ans et je n'avais jamais rien imaginé de tel. Il a suffi d'un stage avec Olivier Wahl, atelier " le temps de peindre", et ce fut une révélation. Il suffit de s'y mettre et d'accepter de se laisser porter par la peinture avec deux seules règles : abandonner le projet et le jugement.

Témoignage de Pierre Hedrich

Pierre Hedrich évoque dans la préface du livre "Le temps de peindre" d'Olivier Wahl sa propre découverte, similaire à la mienne :  http://www.pierrehedrich.com/textes/23-le-temps-de-peindre-preface?start=1.

Témoignage de Martine Huilard

Martine Huilard évoque ainsi sa première expérience d'un « cours » de peinture.

Une porte.  Elle s’ouvre. C’est l’atelier.

Sur les murs et les blouses ; des jets, des pointillés, des pâtés de peinture : traces de tous les pinceaux  qui des années durant se sont échappés des feuilles. Echappées  qui se poursuivent hors des murs. La couleur n’a pas de frontière. Sentiment d’infinitude.

Sur les étagères des pots de peinture empilés et des pots de pinceaux qui laissent dépasser leurs touffes des plus déplumées aux plus touffues : Sentiment de profusion, de diversité.

Seule, dans l’atelier, avec une « consigne » : peindre sans projet.Pas d’intention de « bien ou mal ». Peindre.  Peindre. Pas d’intention  de figurer ou d’abstraire…PEINDRE 

Seule, sans modèle et sans regard d’un autre (le professeur s’absente dans cette première phase). Seule avec mon regard, peut être le plus limitant lorsqu’il se met à apprécier : « J’aime, j’aime pas », à évaluer,  à projeter une forme.

Seule, je me suis prise au jeu ; jeu sans rôle et pour seule règle : celui de laisser faire …

Seule à observer, ressentir la dynamique d’un double mouvement, celui du  pinceau et celui du geste qui le porte ; mouvements intérieur et extérieur qui se réunissent à leur guise, sur la feuille. 

Seule pour m’émerveiller de  la franchise des couleurs qui s’étalent, de leur rencontre imprévue lorsqu’elle se mélangent à mon insu…sur la palette en carton.

J’en prends conscience maintenant, pendant deux heures, quelque chose en moi s’est abandonné, s’est laissé  aller. Partis les vieux souvenirs des écoles qui interdisent  aux pinceaux de dépasser les limites ! Absents les modèles qui n’arrivent jamais à se reproduire comme je le voudrais ! Délaissées les projections d’un moi idéalisé qui veut à tout prix réaliser ce qui n’est pas prêt à se délivrer (volonté victorienne !) !

Peut être toujours présentes ces hordes de limitations, peut être en repli ou en sommeil ? Mais en tout cas elles m’ont laissée tranquille pendant  presque deux heures…

Existe bien, en moi, cet espace qui se laisse évider ! J’en fais l’expérience.

Premier geste : La feuille  blanche effleurée reçoit comme des tracés fins, bleutés comme une transparence qui s’éparpille. Ca m’étonne. Je retourne vite vers les pots. L’orange me saisit, comme une chaleur qui se communique à la feuille. Puis du bleu. Ca vit, ça s’avive.  Vastes espaces. Sentiment du plein, du brut. Je ne m’y appesantis pas  car le mental a vite fait de faire irruption, de tergiverser sur une couleur,  d’orienter le geste.  Je reviens à la couleur comme si elle se laissait choisir. Je passe de l’une à l’autre, comme l’enfant qui sautille de flaque en flaque, s’émerveille, qui touche à tout, expérimente.

Les couleurs déposent sur la feuille ce qui se laisse animer en moi.

La fin de la séance approche, je sens de la légèreté, de la tranquillité comme si j’avais médité en laissant les couleurs mener le jeu ou la danse sans le régler ni le dérégler par mes guidances, mes présages !

Ma tête est pleine de vide. 

Juste avant la fin de la séance, le rouge semble s’imposer. Une spirale se forme. Je sens que mon geste passe, repasse, sur le rouge. Je laisse faire et bientôt le sentiment d’une insatisfaction. Comme un désir de tout recouvrir de rouge. Le geste s’obstine. Une sensation dont je ferai part à Olivier (le professeur) dans le moment de l’échange. Une interrogation : ce sentiment d’insatisfaction  serait il  pulsion de destruction ou inaboutissement d’un rouge qui n’a pas été poussé jusqu’au bout ? Interrogation qui ne cherche pas de réponse.

Je sens à ces mots la limite entre création et destruction.   Un fil de rasoir entre les deux 

Je vais poursuivre l’aventure, ce voyage en couleur qui n’a pas de destination, « juste » suscité par le désir de créer le chemin. Que va t il advenir ? Surgir ? émerger ?  Je ne sais pas. Je ne veux pas le savoir.

Désir de prendre le petite enfant qui n’a pas joué,  parfois recroquevillé ; l’inviter, à sauter à pieds joints dans les couleurs,  à laisser  jaillir les couleurs de la Vie , en étincelles et en larmes, à participer, avec ses pinceaux, à la Création. !  

Commentaires

  • Mélanie Clausse
    • 1. Mélanie Clausse Le 22/04/2014
    Merci pour ce beau témoignage, encouragement touchant traduit en expérience!

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