Exposition "Rien et tout" Octobre 2017

Rien et tout      Joa    Octobre 2017

« Rien, il ne se passe rien » me suis-je répétée tout l’été en cherchant comment poursuivre ma dernière œuvre « Envolée d’âmes ».

Elle m’avait demandé beaucoup d’énergie. J’en étais fière et je cherchais comment la prolonger.

Rien ne venait.

Je m’en désolais.  Il y avait pour moi quelque chose de terrible à être confrontée à cette non-réponse de l’univers. Je retrouvais les sensations éprouvées lors d’un deuil lorsque l’on attend la présence de l’autre et qu’il ne se passe rien.

Quand, enfin, j’ai pu regarder en face ce rien plutôt que de le fuir, alors, subitement, a jailli une œuvre inattendue.

Cette œuvre m’a bouleversée. Elle me demandait de faire le deuil de l’œuvre imaginaire que j’attendais et de la prendre elle qui s’était présentée.

Plutôt que rien, il y a eu soudain quelque chose. A partir du moment où je le prenais en considération comme un état d’être aussi intéressant que tout autre état d’être, ce rien qui me barrait la route vers ce que je cherchais produisait une œuvre. En ne le rejetant plus, il prenait vie et devenait créateur.

Cet état de présence à ce qui était, tel que c’était, ne laissait plus place aux peurs, aux doutes, à l’orgueil qui m’empêchaient de voir. En me concentrant sur le rien qui était là, je les délaissais  et ouvrait une porte.

N’ayant plus que ce rien comme objet de travail artistique, il me demandait de le regarder et de le travailler. L’œuvre a alors émergé. Elle consistait à  montrer un espace vide matérialisant ce rien puisque je n’avais rien d’autre à montrer. Cet acte voulait juste témoigner de l’existence de ce vide, que son objet était tout aussi important que le plein, son opposé, plus souvent valorisé dans notre société. L’art offre cette liberté de pouvoir montrer ce qui est, permettant ainsi de l’élaborer.

Je proposais donc au spectateur une image du rien, le laissant résonner à ce vide.  Comme pour toute les œuvres artistiques, chacun le vivrait à sa façon.

Ce faisant, je venais de vivre une fois de plus et de façon étonnante, la nécessité de l’espace pour créer. Tant que j‘ai mis mes attentes, même inconnues, devant moi, la création s’est révélée impossible. Dés que j’ai accepté le vide, une création s’est présentée.

Derrière toutes les œuvres artistiques, il y a ce rien, ce vide, cet espace qui est la source de toute création. Il contient tous les possibles. C’est cette potentialité immense que montre l’œuvre.